Choisir la méthode de gestion des stocks adaptée est crucial pour optimiser la rotation des produits, minimiser les pertes et garantir la rentabilité ; une erreur de stratégie peut coûter cher. Les entreprises disposant d’entrepôts jonglent entre FIFO, FEFO et LIFO — chacune répondant à des besoins spécifiques.
Ces méthodes s’imbriquent avec les ERP , dissociant logistique (FEFO/FIFO) et valorisation comptable (FIFO/moyenne pondérée). Une flexibilité stratégique indispensable. Le choix final ? Il dépend de la nature des produits, des réglementations locales et des objectifs économiques. Pas de recette unique : chaque entreprise doit ajuster, tester, adapter.
FIFO (Premier Entré, Premier Sorti) : priorité aux produits à durée limitée
La méthode FIFO structure la rotation des stocks en retirant d’abord les articles les plus anciens. Elle s’impose dans les secteurs confrontés à des dates de péremption critiques (industrie agroalimentaire, produits pharmaceutiques) ou à des cycles saisonniers marqués (mode, articles de loisir).
Avantages clés
Cette logique réduit drastiquement le gaspillage ; les stocks circulent strictement selon leur chronologie d’arrivée, ce qui aligne les sorties sur les impératifs de durabilité. Les coûts enregistrés en comptabilité intègrent les prix d’achat récents : vous obtenez une valorisation du stock reflétant les tendances du marché. Les surplus deviennent rares ; la traçabilité gagne en fiabilité.
Risques à anticiper
En période d’inflation, les coûts historiques des marchandises vendues masquent la réalité économique. Les marges bénéficiaires semblent artificiellement élevées ; l’impôt sur les sociétés s’alourdit. Les entreprises doivent alors réviser leurs prévisions de trésorerie pour couvrir ces charges fiscales imprévues.
Cas d’application pratiques
On privilégie le FIFO pour les produits laitiers, les vaccins ou les gammes limitées. La gestion des lots impose une traçabilité infaillible : étiquettes avec dates d’entrée, zonage strict des entrepôts, inventaires fréquents. Un défaut de suivi déclenche des ruptures de stock ou des liquidations coûteuses.
Exemples concrets de FIFO (Premier Entré, Premier Sorti)
- Supermarchés : gestion des fruits et légumes frais.
- Boulangeries : rotation du pain et des viennoiseries.
- Traiteurs : utilisation des ingrédients achetés en premier pour les préparations.
- Pharmacies : distribution des médicaments avec une date d'achat antérieure.
- Magasins de fleurs : vente des bouquets arrivés en premier.
- Restauration collective : utilisation des produits stockés depuis le plus longtemps dans les frigos.
- Production de bière artisanale : mise en vente des lots brassés en premier.
- Magasins de mode : écoulement des collections précédentes avant les nouveautés.
- Entrepôts logistiques : expédition des palettes reçues en premier.
Contraintes logistiques
La méthode exige des infrastructures adaptées : flux linéaires, signalétique claire, espaces de stockage rationalisés. Les équipes doivent appliquer des procédures rigides pour le rangement et le prélèvement. L’investissement initial — formation du personnel ou automatisation — peut décourager les PME aux ressources limitées.
Impact sur la stratégie d’achat
Les commandes doivent synchroniser les délais de livraison et les taux de rotation. Surstocker déséquilibre les flux ; sous-commander crée des pénuries. La planification achats devient un exercice d’équilibriste : anticiper les besoins sans alourdir les coûts, garantir la disponibilité sans engorger les entrepôts.
FEFO (First Expired, First Out) : la méthode incontournable pour les produits périssables
Le FEFO est une stratégie de gestion des stocks priorisant les dates de péremption plutôt que l’ordre d’arrivée des produits. Contrairement au FIFO, où le plus ancien en stock part en premier, le FEFO cible spécifiquement les articles proches de leur expiration pour les écouler en priorité. Une révolution pour les secteurs où la fraîcheur sauve des vies ou des budgets.
Comment ça marche ?
Cette méthode exige une traçabilité rigoureuse : chaque lot est identifié par sa date limite, stocké de manière accessible, et prélevé en fonction du temps restant avant péremption. En agroalimentaire, par exemple, un lot de fromages avec 3 jours avant expiration sera systématiquement placé devant un autre lot identique, mais valable 20 jours. Résultat ? Le gaspillage chute, et les clients reçoivent des produits au top de leur qualité.
Avantages clés :
- Réduction drastique du gaspillage : Les produits partent avant de finir à la poubelle.
- Confiance renforcée : Les consommateurs obtiennent des articles frais, ce qui fidélise.
- Économies réelles : Moins de pertes = moins de coûts liés aux invendus ou aux retours.
Exemple concret :
Imaginez un entrepôt de yaourts. Un lot A expire dans 2 jours, un lot B dans 15 jours. Le FEFO impose de vendre le lot A en premier, même s’il est arrivé après le B. Sans cela, le lot A finirait détruit, engendrant un coût inutile.
- Pharmacies : distribution des médicaments proches de leur date de péremption.
- Hôpitaux : administration des vaccins ou seringues proches de l’expiration.
- Supermarchés : vente des yaourts ou produits laitiers avec une DLC (Date Limite de Consommation) proche.
- Traiteurs : priorité aux ingrédients périssables proches de leur DLC.
- Boulangeries industrielles : utilisation des matières premières (farine, levure) proches de leur date limite.
- Magasins de cosmétiques : mise en avant des produits avec une courte durée de vie restante.
- Restauration rapide : service des plats préparés proches de leur durée maximale de conservation.
- Industrie chimique : utilisation des réactifs avec une date d’expiration imminente.
- Production agroalimentaire : traitement des lots de produits semi-finis proches de leur DLC.
- Fournisseurs de plateaux-repas : livraison des repas préparés avec une courte durée de conservation.
FEFO vs FIFO : Quand choisir l’un ou l’autre ?
Le choix entre FIFO et FEFO , c’est avant tout une question de contexte ; certains secteurs n’ont pas le luxe de se tromper.
Le FIFO , ou Premier Entré, Premier Sorti , suffit pour les produits non périssables comme les vêtements, les meubles, ou encore les articles électroniques. Pourquoi ? Parce que ces produits ne se détériorent pas avec le temps ; ils restent intacts tant qu’ils sont bien stockés. La date d’achat prime donc sur tout autre considération. C’est simple, logique, efficace. Mais attention, même dans ces cas, il faut être vigilant : un produit obsolète peut perdre de sa valeur si une nouvelle version est lancée.
En revanche, pour les médicaments, les cosmétiques, ou les aliments, le FEFO , ou Premier à Expirer, Premier Sorti , devient indispensable. Indispensable , oui, car ici, chaque jour compte. Les dates de péremption ne pardonnent pas ; elles transforment un produit précieux en déchet potentiellement dangereux. Le FEFO évite les scandales sanitaires ; il prévient les pertes financières colossales.
Pensez-y : un lot de vaccins périmés, c’est une catastrophe pour un hôpital ; des yaourts expirés en rayon, c’est une crise de confiance pour un supermarché.
C’est clair.
Le FIFO est linéaire ; il suit un ordre chronologique strict basé sur la date d’entrée. Le FEFO, lui, est plus dynamique, plus réactif ; il s’adapte aux urgences créées par les dates limites.
Alors, quand choisir l’un ou l’autre ? Voici la règle :
- Si vos produits ne se détériorent pas avec le temps, optez pour le FIFO .
- Si vos produits ont une durée de vie limitée , choisissez le FEFO sans hésiter.
Les conséquences d’un mauvais choix peuvent être désastreuses.
LIFO (Dernier Entré, Premier Sorti) : stratégie anti-inflation à double tranchant
La méthode LIFO priorise la vente des articles acquis en dernier, même si leur date d’entrée est récente. Elle répond aux défis des secteurs soumis à une inflation galopante (pétrole, métaux précieux) ou aux marchés où les coûts évoluent par à-coups (matières premières agricoles, électronique).
Avantages clés
Elle réduit l’impôt sur les sociétés en période de hausse des prix ; les coûts récents — majorés — gonflent les dépenses comptabilisées, ce qui diminue mécaniquement le bénéfice déclaré. Vous alignez vos marges sur les réalités économiques actuelles, tout en préservant votre trésorerie. Les entreprises américaines y trouvent un outil de protection fiscale immédiate, surtout quand les prix grimpent plus vite que les ventes.
Pièges à éviter
Les stocks anciens, rarement écoulés, conservent une valorisation historiquement basse ; cette distorsion donne une image erronée du patrimoine. Pire : le LIFO est interdit sous les normes IFRS, ce qui le rend inopérant en Europe ou pour les groupes cotés. Les investisseurs peinent à comparer les performances avec celles des concurrents utilisant le FIFO. Un stock résiduel affiché à 15 € l’unité peut masquer un coût de remplacement à 40 € — une bombe à retardement pour les bilans.
Cas pratiques
On l’utilise massivement dans la sidérurgie ou la chimie, où les prix varient parfois quotidiennement. Une entreprise achetant du cuivre à 8 000 €/tonne en janvier et 12 000 €/tonne en juin vendra d’abord le stock de juin ; ses coûts déclarés reflètent la réalité inflationniste, même si le cuivre physique vendu provient de stocks antérieurs. Mais cette logique isole les multinationales devant produire des rapports IFRS, créant des doubles calculs chronophages.
Complexités logistiques
Gérer des stocks anciens sous-évalués exige une comptabilité parallèle. Les entrepôts se transforment en archives de coûts obsolètes ; un inventaire physique peut révéler des écarts vertigineux entre la valeur comptable et le marché. Les auditeurs exigent alors des réserves pour dépréciation, annulant une partie des gains fiscaux initiaux.
Effets sur la trésorerie
Le LIFO génère des liquidités rapides via des économies d’impôt. Mais attention : en période de baisse des prix, les coûts comptabilisés dépassent les coûts réels. Les marges s’effondrent ; les économies passées se transforment en charges imprévues. Une entreprise doit donc anticiper les retournements de cycle — un exercice aussi risqué que de prédire le cours des matières premières.
En résumé,
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📌 Distinction clé à faire entre méthode de gestion des stocks et valorisation des stock
Il faut différencier :
- Les méthodes de gestion des flux physiques de stock (ex : FIFO, FEFO, LIFO en tant que stratégie logistique)
- Les méthodes de valorisation comptable des stocks (ex : FIFO, LIFO, moyenne pondérée)
Certaines méthodes, comme le FIFO ou le LIFO, peuvent s’appliquer à la fois :
- physiquement (comment les stocks sont réellement sortis de l'entrepôt),
- comptablement (comment la sortie de stock est valorisée en euros dans les comptes).
Mais d'autres comme le FEFO ou le JAT, sont uniquement des stratégies de gestion physique. Elles n’ont pas de lien direct avec la valorisation comptable.
Gestion des stocks dans Odoo : Méthodes physiques et valorisation comptable
Odoo gère la valorisation des stocks selon deux approches distinctes, configurables en fonction des besoins de l’entreprise ; une flexibilité qui permet d’adapter le système à des contextes variés. Voici comment cela fonctionne.
1. Méthode par défaut : Valorisation périodique (manuelle)
Par défaut, Odoo utilise une méthode dite périodique (ou manuelle ) ; elle est simple, mais demande rigueur. Les stocks ne sont valorisés qu’après un inventaire physique — il faut compter les produits en entrepôt. La comptabilité s’appuie alors sur le prix standard défini dans chaque fiche produit. Exemple rapide : si un produit a un prix standard de 10 €, toutes les sorties seront évaluées à ce montant, même si les prix d’achat ont fluctué. Avantage ? Une simplicité idéale pour les petites structures. Mais attention : les écarts entre le prix standard et les coûts réels ne sont corrigés qu’à l’inventaire, créant des distorsions temporaires.
2. Méthode alternative : Valorisation automatisée (FIFO ou Coût moyen)
Odoo propose aussi une valorisation en temps réel, alignée sur les normes comptables comme les IFRS ou le PCG français.
- Coût moyen pondéré (AVCO) : Il calcule un coût unitaire moyen après chaque achat, intégrant les fluctuations de prix ; un outil puissant pour suivre les variations du marché. Par exemple : vous achetez 100 unités à 5 € puis 100 unités à 7 €, le coût moyen devient 6 €. Cette méthode est conforme aux normes françaises et internationales.
- FIFO (comptable) : Elle valorise les sorties au coût des articles les plus anciens en stock. Prenons un exemple : un lot acheté à 5 € en janvier sera valorisé avant un lot à 8 € en mars, même si le prix du marché a augmenté. FIFO est autorisé en France et dans toute l’UE. Configuration ? Ces méthodes s’activent dans les paramètres des catégories de produits : choisissez Méthode de coût (FIFO ou Coût moyen) et activez Valorisation des stocks en automatique.
3. LIFO : Interdit en France/UE, non supporté par Odoo
La méthode LIFO (valorisation au coût des derniers achats) est strictement interdite en France et dans l’UE, car elle complique la conformité et fausse la valorisation en période d’inflation. Odoo ne l’intègre donc pas par défaut ; une décision logique pour éviter des problèmes réglementaires.
Changer de méthode de valorisation des stocks en cours d'année, que ce soit pour une catégorie de produits ou pour l'ensemble des stocks, a des conséquences comptables majeures. Ces changements doivent être justifiés et clairement documentés, car ils impactent directement les états financiers (compte de résultat, bilan) et peuvent avoir des répercussions fiscales. Les normes comptables (PCG, IFRS) exigent que les entreprises appliquent leurs méthodes de manière cohérente d'une année sur l'autre. Tout changement doit être justifié par un besoin légitime (amélioration de la représentation fidèle des stocks, alignement avec les pratiques sectorielles, etc.).
Odoo offre une flexibilité totale, mais nécessite une configuration précise. Par défaut, la valorisation manuelle (prix standard + inventaire périodique) convient aux petites structures. Pour les entreprises structurées, passez en valorisation automatique (FIFO ou Coût moyen) pour aligner la comptabilité sur les flux réels. Une solution adaptée à tous les besoins, mais qui demande un ajustement stratégique.
Quelle méthode de gestion des stocks choisir ? FIFO, FEFO ou LIFO ?